Industrialiser l’Afrique : Une urgence pour sa souveraineté

Face aux crises mondiales et aux défis de la mondialisation, l’Afrique n’a plus le luxe d’exporter uniquement ses matières premières. L’industrialisation apparaît comme une urgence stratégique, condition essentielle pour bâtir un développement souverain, créer de la valeur ajoutée et transformer durablement les économies africaines.

L’Afrique regorge de richesses naturelles : minerais stratégiques, hydrocarbures, terres arables, produits agricoles d’exception. Pourtant, elle demeure marginalisée dans la chaîne de valeur mondiale. En exportant ses matières premières sans transformation locale, elle perd chaque année des milliards de dollars potentiels et reste dépendante du marché mondial.

LE PIÈGE DES MATIÈRES PREMIÈRES BRUTES

Coton, cacao, pétrole, cobalt ou lithium sont exportés majoritairement à l’état brut vers l’Asie, l’Europe ou l’Amérique. Les pays importateurs en tirent la plus grande valeur après transformation, tandis que les pays africains se contentent de recettes limitées. Ce déséquilibre perpétue une dépendance économique et freine l’émergence d’industries locales compétitives.

Industrialiser, c’est produire sur place, transformer localement, créer des chaînes de valeur intégrées. Au-delà d’un enjeu économique, il s’agit d’une question de souveraineté : un continent qui maîtrise ses outils de production réduit sa vulnérabilité face aux crises mondiales, aux ruptures d’approvisionnement et à la volatilité des marchés.

Certains pays montrent déjà la voie. L’Éthiopie a développé un secteur textile et agroalimentaire dynamique. Le Maroc investit massivement dans l’automobile et l’aéronautique. L’Afrique du Sud dispose d’une industrie minière et métallurgique avancée. Le Nigeria et la Cote d’Ivoire misent sur l’agro-industrie, tandis que le Rwanda développe un modèle d’innovation technologique et de transformation locale du coltan. Ces exemples prouvent que l’industrialisation  est non seulement possible, mais rentable.

UN MARCHÉ CONTINENTAL EN PLEINE EXPANSION

Avec la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), l’Afrique devient progressivement un marché intégré de plus d’un milliard d’habitants. L’industrialisation locale permet de répondre à une demande intérieure croissante en biens de consommation, tout en stimulant les échanges intra-africains. Ce marché continental constitue un tremplin vers la souveraineté économique.

L’industrialisation ne peut réussir sans une main-d’œuvre qualifiée, un cadre réglementaire attractif et des infrastructures modernes. Les gouvernements doivent investir massivement dans la formation technique, la recherche de l’innovation. Les partenariats public-privé, l’accès au financement et la stabilité politique seront également déterminants pour attirer les investisseurs.

Le choix est clair : l’Afrique doit passer de fournisseur de matières premières à producteur de biens finis. Cette transformation, bien que complexe, est une urgence stratégique. Industrialiser, c’est assurer un développement souverain, créer des emplois, retenir la jeunesse sur le continent et inscrire l’Afrique dans une trajectoire de prospérité durable.

Cyrille Kemmegne

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