Les grands défis du système éducatif africain

Autant depuis quelques années, l’Afrique marque de bons points en matière d’éducation de sa jeunesse, autant il n’en demeure pas moins qu’elle accuse encore un grand retard dans le domaine éducatif, mise dans la balance avec les autres. L’urgence pour ce continent pourtant doté d’atouts humains insoupçonnés consiste à effectuer un véritable bond qualitatif pour se mettre au diapason des continents dits développés et véritablement modernes qui, année après année, prennent une longueur d’avance sur une Afrique que l’on n’aurait pas tort de comparer à un cordonnier malheureusement mal chaussé.  Du coup, une question se pose et s’impose d’elle-même : quelles réformes des systèmes éducatifs africains peuvent-elles lui permettre de trouver sa voie dans un monde plus que concurrentiel, dans lequel seuls les plus méritants ont désormais voix au chapitre.

L’année 2004 constitue un véritable marqueur et un point de repère essentiel de la prise de conscience du retard pris par l’Afrique dans le domaine de l’éducation. C’est cette année-là en effet que l’Union africaine a semblé prendre à bras-le-corps les grands défis du système éducatif africain en la considérant comme un moment historique devant permettre de placer l’éducation au premier plan de son agenda politique. Ainsi sortit des tiroirs, « l’année 2024 de l’Union africaine ». L’occasion fut donc belle et propice pour les principaux décideurs africains de mettre sur la table des débats les plus grandes entorses et les plus grandes problématiques de l’éducation en Afrique. Un constant général se dégagea ipso facto des assises. C’est que l’Afrique a beau avoir réalisé de nets progrès  en matière d’éducation durant les soixante dernières années, avec à la clé plus de filles scolarisées et d’étudiants dans l’enseignement supérieur que jamais auparavant. Pour parler en termes de statistiques, les experts parvinrent à la conclusion que les taux d’achèvement de la scolarité ont considérablement augmenté entre 2000 et 2022 à tous les niveaux (de 52 % à 69 % dans le primaire, de 35 % à 50 % dans le premier cycle secondaire, et de 23 % à 33 % dans le deuxième cycle du secondaire.

LES TALONS D’ACHILLE DU SYSTÈME ÉDUCATIF AFRICAIN

Bien qu’un unanimisme se dégage sur le fait que ces dix, voire ces vingt dernières années, l’Afrique a réalisé de réelles performances en matière de système éducatif, il n’en reste pas moins que les progrès célébrés sont quelque peu l’arbre qui cache encore la forêt. La preuve, il est encore urgent d’adapter l’éducation en Afrique aux réalités du 21e siècle. Il convient donc pour le continent noir de s’arrimer aux véritables défis de la mondialisation en transformant les systèmes éducatifs pour doter les générations actuelles et futures de compétences du 21e siècle. L’année de l’éducation 2024 de l’UA a constitué un moment historique pour placer l’éducation au premier plan de l’agenda politique. Grâce à elle, l’on a également appris que d’ici à 2030, 230 millions d’emplois environ en Afrique exigeront des compétences numériques. Les pratiques scolaires doivent donc évoluer pour répondre à ces futurs besoins d’employabilité et favoriser la créativité, la pensée critique et la résolution de problèmes.

Il a été clairement établi que le continent africain compte la plus grande population de jeunes de la planète et, si rien n’est fait d’ici à la fin du siècle, il abritera 42 % de la population mondiale en âge de travailler. De ce point de vue, une note d’information préparée en collaboration avec le GPE, la Banque africaine de développement, l’Union africaine, la Fondation Bill et  Melinda Gates, l’UNESCO et l’UNICEF décrit les cinq étapes à suivre pour concrétiser cette transformation. Pour y parvenir, il convient notamment de financer convenablement l’ambition de l’Afrique en matière d’éducation, de mettre l’accent sur l’apprentissage et l’équité, d’investir dans les enseignants et collaborer avec eux, de promouvoir la redevabilité et la transparence, d’investir dans les programmes d’études et des infrastructures appropriées pour le développement des compétences et l’employabilité des jeunes. En tout état de cause, les systèmes éducatifs ont intérêt à préparer la jeunesse africaine à s’intégrer et à prospérer dans un contexte professionnel très concurrentiel. Et c’est ici que le salon PSAO (Produits et Services inspirés d’Afrique et de ses Outremers) vaut tout son pesant d’or, lui qui promeut justement l’excellence professionnelle à travers la mise en valeur et en vitrine des plus grands talents de l’entrepreneuriat africain et de ses ultramarins. Convenons-en bien, les défis sont certes de taille, mais l’Afrique regorge d’atouts pour les relever avec fierté. Elle sait déjà que les outils et la technologie lui permettront  d’adapter ses systèmes éducatifs au 21e siècle et à ne pas rater le train du développement qui roule à très grande vitesse. Oui, l’Afrique peut le faire, et le salon PSAO, aujourd’hui rendu à sa quatrième édition, nous le rappelle fort opportunément.

Cyrille Kemmegne

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