Jeunesse africaine : La clé de la croissance inclusive

Avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, l’Afrique est le continent le plus jeune du monde. Cette jeunesse, souvent confrontée au chômage et au sous-emploi, représente pourtant une formidable opportunité pour construire un avenir prospère. Former, employer et encourager l’entrepreneuriat des jeunes est désormais une nécessité stratégique pour faire de cette démographie dynamique un moteur de croissance inclusive et durable.

L’Afrique comptera près de 2,5 milliards d’habitants en 2050, dont une majorité de jeunes. Ce dynamisme démographique est à la fois un atout et un défi : un atout car il représente une force vive capable de transformer le continent, mais aussi un défi si ces jeunes ne trouvent ni formation adéquate, ni emploi. L’avenir économique de l’Afrique dépend donc largement de sa capacité à valoriser son capital humain.

Malgré cette énergie et ce potentiel, le taux de chômage des jeunes reste préoccupant. Selon l’Organisation internationale du Travail, près d’un jeune sur trois en Afrique subsaharienne est au chômage ou sous-employé. Ce paradoxe (beaucoup de jeunes, mais peu d’emplois) alimente la migration, l’exode rural et parfois même l’instabilité.

FORMER POUR LIBÉRER LES TALENTS

Trop souvent, les systèmes éducatifs africains sont calqués sur des modèles théoriques qui préparent mal les jeunes aux réalités du marché du travail. Or, l’avenir réside dans une formation adaptée dans une formation adaptée aux besoins économiques locaux. Développer l’enseignement technique et professionnel, encourager les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STEM), et intégrer davantage les langues locales et régionales sont des pistes pour libérer les talents

L’Afrique doit aussi multiplier les opportunités de formation pratique. L’apprentissage et l’alternance, déjà efficaces en Europe et en Asie, pourraient jouer un rôle crucial. De plus, le numérique ouvre de nouvelles perspectives d’e-learning, écoles de codage comme « Andela » ou « 42 »implantées en Afrique, ou encore formations accélérées aux métiers digitaux. Ces initiatives rapprochent les jeunes des emplois de demain.

Chaque année,  près de 12 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail en Afrique, mais seuls trois millions d’emplois formels sont créés. Le reste se retrouve dans l’informel ou dans le chômage. Pour inverser la tendance, il faut stimuler l’investissement, renforcer l’industrialisation locale et promouvoir les chaînes de valeur régionales. Les gouvernements doivent créer un environnement favorable à l’emploi : infrastructures, accès à l’énergie, simplification administrative. Mais le secteur privé est lui aussi incontournable. Il doit jouer son rôle en offrant des stages, des formations en entreprises et en favorisant l’embauche locale. Les partenariats public-privé, notamment dans les secteurs comme l’agro-industrie, les énergies renouvelables et le numérique, sont des leviers essentiels.

ENTREPRENDRE POUR INVENTER L’AVENIR

Face au manque d’emplois, de nombreux jeunes choisissent la voie de l’entrepreneuriat. Ils inventent des solutions locales, souvent inspirés de leur quotidien : applications mobiles pour l’agriculture, fintechs pour faciliter l’accès aux services financiers, innovations en santé en énergie. Ces jeunes créateurs ne se contentent pas de bâtir leur avenir. Ils génèrent des emplois pour leur communauté.

Le continent connaît une véritable effervescence entrepreneuriale. Les levées de fonds des start-ups africaines ont dépassé 6 milliards de dollars en 2022, avec une forte présence des jeunes dans les équipes fondatrices. Du Kenya avec M-Pesa à la Côte d’Ivoire avec Julaya, en passant par le Nigeria avec Flutterwave, les exemples de réussite ne manquent pas. Mais ces réussites doivent être multipliées pour avoir un réel impact sur la croissance inclusive.

L’avenir ne peut reposer uniquement sur le numérique ou la finance. L’agriculture, qui emploie encore une majorité d’Africains, doit être modernisée et rendue attractive pour les jeunes. L’économie verte, le tourisme durable, l’artisanat modernisé et les industries culturelles sont également à exploiter.

Il est essentiel de ne pas oublier les jeunes femmes, souvent confrontées à une double marginalisation : en tant que jeunes et en tant que femmes. Investir dans leur formation et leur entrepreneuriat est une clé pour démultiplier l’impact de la jeunesse. De même, les zones rurales, où vit encore la majorité des Africains, doivent bénéficier d’infrastructures, de financements et d’accompagnements a         daptés.

La jeunesse africaine n’est pas un problème à gérer, mais une solution à valoriser. Former, employer et encourager l’entrepreneuriat des jeunes constitue le triptyque indispensable pour bâtir une croissance inclusive et durable. L’Afrique de demain se jouera dans sa capacité à transformer son potentiel démographique en dividende économique.

Cyrille Kemmegne

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